Le paysage associatif français, riche et diversifié, est un témoin privilégié de l'engagement citoyen. Mais assiste-t-on à un regain d'intérêt de la part des jeunes générations, encouragé par la simplification des procédures de création d'associations loi 1901 ? Depuis le début des années 2000, une volonté politique forte a visé à faciliter la création d'associations, notamment par la dématérialisation des démarches administratives et la simplification des formulaires. Cet engagement associatif représente un levier essentiel d'inclusion sociale, de participation citoyenne et de développement de compétences. Il est donc crucial de comprendre les facteurs qui encouragent ou, au contraire, freinent l'implication des jeunes dans ce domaine.

Nous examinerons l'évolution des démarches de création d'associations, en mettant en lumière les mesures de simplification mises en place. Nous explorerons également les motivations profondes qui poussent les jeunes à s'engager, ainsi que les défis spécifiques auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils souhaitent créer ou rejoindre une association. Enfin, nous évaluerons si la simplification administrative est un facteur déterminant de leur engagement, ou si d'autres aspects, tels que le besoin de sens, l'acquisition de compétences valorisables sur le marché du travail, ou la volonté de contribuer à une cause qui leur tient à cœur, jouent un rôle plus important. L'objectif est de déterminer si la simplification des associations stimule véritablement l'engagement des jeunes dans la vie associative et solidaire.

L’évolution de la création d’associations : vers une simplification bienvenue ?

La loi du 1er juillet 1901, texte fondateur de la vie associative en France, a été complétée et modifiée à plusieurs reprises au fil des décennies. Ces évolutions successives visaient principalement à simplifier la création et la gestion des associations, afin de dynamiser le secteur, d'encourager l'engagement citoyen et de favoriser la création d'une vie associative plus riche et plus diversifiée. Nous explorerons ici les étapes clés de cette simplification administrative, en analysant ses avantages concrets, ses limites et les défis qui subsistent. L'objectif est de déterminer si cette simplification constitue un véritable levier pour l'engagement, en particulier chez les jeunes, qui représentent un vivier important de bénévoles et de futurs dirigeants d'associations.

Panorama historique et réglementaire

La loi du 1er juillet 1901 a posé les bases de la liberté d'association en France, en permettant la création d'organisations sans but lucratif, fondées sur un projet commun et une volonté d'agir collectivement. Initialement, les démarches administratives pour créer une association étaient relativement lourdes et complexes, impliquant des déclarations en préfecture, des publications au Journal Officiel et le respect de nombreuses formalités. Au fil des années, plusieurs réformes ont été mises en place pour simplifier ces procédures, notamment la dématérialisation des formulaires, la création de guichets uniques pour les associations et la mise en place de dispositifs d'accompagnement et de conseil juridique. La numérisation a notamment permis une accélération significative des délais de traitement des dossiers, contribuant à une plus grande accessibilité à la création d'associations pour tous les citoyens.

En 2008, la loi de modernisation de l'économie (LME) a introduit de nouvelles simplifications administratives pour la création d'associations, en facilitant notamment la déclaration en ligne et en réduisant le nombre de pièces justificatives à fournir. Cela comprenait notamment la possibilité de déclarer une association en ligne via le site Service-Public.fr, réduisant ainsi les déplacements physiques et les formalités papier. L'objectif principal de ces mesures était de rendre la création d'associations plus accessible, en particulier aux personnes les moins familiarisées avec les procédures administratives, ainsi qu'aux jeunes souhaitant s'engager dans la vie associative et solidaire de leur territoire.

Aujourd'hui, la création d'une association loi 1901 est théoriquement relativement simple, grâce à la numérisation des démarches, à la simplification des formulaires et à la mise à disposition de nombreuses ressources en ligne, telles que des guides pratiques, des modèles de statuts et des foires aux questions. Cependant, certaines complexités persistent, notamment en fonction du type d'activité de l'association (sportive, culturelle, humanitaire, etc.) et des autorisations spécifiques requises pour certaines activités (organisation de spectacles, collecte de fonds, etc.). La création d'associations d'aide est facilitée par l'existence de nombreux réseaux et plateformes de soutien aux initiatives solidaires.

  • Dématérialisation intégrale des formulaires (e-création, services en ligne accessibles 24h/24)
  • Simplification des formulaires Cerfa (réduction du nombre de champs obligatoires et explications claires)
  • Accompagnement et ressources mis à disposition (sites internet dédiés, guides pratiques téléchargeables, permanences d'information juridique)

Avantages perçus de la simplification : un gain de temps et d’accessibilité ?

La simplification des démarches de création d'associations présente de nombreux avantages concrets, notamment en termes de gain de temps, de réduction des coûts et d'amélioration de l'accessibilité. En réduisant la charge administrative et les formalités à accomplir, elle permet aux porteurs de projets associatifs de se concentrer sur le cœur de leur activité, à savoir la mise en œuvre de leurs actions et le développement de leur association. La dématérialisation des procédures a également permis de diminuer significativement les coûts directs et indirects liés à la création d'une association, en évitant les déplacements physiques, les frais d'envoi de documents et les honoraires de professionnels (juristes, comptables, etc.). Cette diminution des coûts est particulièrement importante pour les jeunes, qui disposent souvent de ressources financières limitées.

L'accessibilité est un autre avantage majeur de la simplification administrative. En rendant les démarches plus faciles à comprendre et à réaliser, elle permet à un public plus large, y compris les jeunes, de créer une association, quel que soit leur niveau de formation, leur origine sociale ou leur lieu de résidence. La création d'une association devient ainsi moins intimidante, moins perçue comme une tâche administrative complexe et réservée à des experts, et plus accessible à tous les citoyens, encourageant ainsi l'engagement citoyen, la participation à la vie locale et le développement de la vie associative. La simplification contribue à dynamiser la vie solidaire et l'aide aux personnes dans le besoin.

En 2022, on recensait environ 1,5 million d'associations actives en France, un chiffre qui témoigne du dynamisme et de la vitalité du secteur associatif français. Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, environ 70 000 nouvelles associations sont créées chaque année en France, dont une part significative par des jeunes de moins de 30 ans. La simplification des démarches de création a sans aucun doute contribué à cette vitalité, en facilitant la création de nouvelles associations, en permettant aux organisations existantes de se développer et en encourageant l'engagement associatif des jeunes. La diminution des délais de création, qui sont passés en moyenne de plusieurs semaines à quelques jours grâce à la numérisation, est également un facteur important pour les jeunes, qui souhaitent souvent lancer rapidement leurs projets et voir concrètement l'impact de leurs actions.

On estime qu'environ 60% des associations créées en France le sont par des bénévoles, ce qui souligne l'importance du bénévolat dans le secteur associatif. Avec un délai de création moyen passé de plusieurs semaines à environ 5 jours ouvrés grâce à la numérisation et à la simplification des procédures, on observe une plus grande réactivité et une capacité accrue à répondre aux besoins émergents de la société. La simplification a permis de désacraliser la création d'une association, la rendant plus accessible et moins perçue comme une tâche administrative complexe et intimidante. Cela encourage notamment les jeunes à se lancer dans des projets associatifs, en leur donnant l'impression que c'est à leur portée et qu'ils peuvent réellement faire une différence.

Limites et défis persistants : au-delà de la simplification administrative

Bien que la simplification des démarches de création d'associations ait apporté des améliorations significatives et indéniables, elle ne résout pas tous les défis auxquels sont confrontées les organisations associatives. Les questions de financement, de gouvernance, de communication, de recrutement et de fidélisation des bénévoles, et de gestion administrative et financière restent des enjeux majeurs pour les associations, en particulier pour celles qui débutent et qui manquent d'expérience. L'accompagnement et le conseil, au-delà de la simple procédure administrative, sont essentiels pour assurer la pérennité des associations, les aider à se structurer, à se professionnaliser et à développer leurs activités.

La complexité de certains domaines d'activité peut également constituer un frein pour les associations, en particulier pour celles qui interviennent dans des secteurs réglementés ou qui nécessitent des autorisations spécifiques. Les activités sportives, les activités impliquant des mineurs, les activités culturelles, les activités humanitaires et les activités liées à la santé nécessitent souvent des démarches administratives supplémentaires, des assurances spécifiques et le respect de normes de sécurité strictes. Le risque d'associations "fantômes", créées facilement mais sans réelle activité, est également une préoccupation pour les pouvoirs publics et les acteurs du monde associatif.

On estime que seulement 70% des associations créées en France sont réellement actives et pérennes, ce qui souligne l'importance d'un accompagnement structuré et d'une professionnalisation du secteur associatif. Environ 45% des associations rencontrent des difficultés de financement, 30% des problèmes de gouvernance et de gestion interne, et 25% des difficultés à recruter et à fidéliser des bénévoles. Le manque de compétences en gestion administrative et financière est souvent un obstacle majeur pour les jeunes créateurs d'associations, qui manquent d'expérience et de formation dans ce domaine. La nécessité d'obtenir des financements, de communiquer efficacement sur ses actions, de gérer son budget et de respecter les obligations légales est également cruciale pour assurer la viabilité de l'organisation et lui permettre de réaliser sa mission sociale.

  • Difficultés d'accès aux financements (subventions publiques, mécénat privé, etc.)
  • Problèmes de gouvernance et de gestion interne (répartition des responsabilités, prise de décision, etc.)
  • Difficultés de communication et de promotion des activités (manque de visibilité, difficulté à toucher le public cible, etc.)
  • Complexité des réglementations spécifiques à certains secteurs d'activité (sport, culture, santé, etc.)

Les jeunes et l’engagement associatif : une relation en mutation

L'engagement associatif des jeunes a connu des évolutions significatives au cours des dernières années, reflétant les mutations sociales, les nouvelles aspirations des générations Y et Z et l'émergence de nouvelles formes d'engagement citoyen. Au-delà de l'idéalisme traditionnel et des motivations philanthropiques, les jeunes recherchent des formes d'engagement plus concrètes, plus flexibles, plus en phase avec leurs préoccupations environnementales, sociales et économiques, et plus valorisables sur le marché du travail. Nous explorerons ici le profil et les motivations des jeunes engagés dans les associations, les types d'associations qui les attirent, et les freins qui peuvent les décourager à s'investir durablement dans la vie associative.

Profil et motivations des jeunes engagés : au-delà de l’idéalisme

Les jeunes engagés dans les associations sont souvent des étudiants (en particulier dans les filières de sciences humaines et sociales), de jeunes actifs (en début de carrière ou en recherche d'emploi) ou de jeunes retraités (qui souhaitent donner de leur temps et de leur expérience). Ils sont issus de divers horizons socio-professionnels et sont motivés par un large éventail de raisons, qui vont au-delà de l'idéalisme et du simple altruisme. Au-delà de la volonté de faire le bien et d'aider les autres, ils recherchent un moyen de donner du sens à leur action, d'acquérir des compétences transversales (soft skills), de développer leur réseau professionnel, de lutter contre l'isolement et de s'épanouir personnellement.

Selon une enquête récente menée par l'Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire (INJEP), environ 45% des jeunes âgés de 16 à 25 ans sont engagés dans une association, que ce soit en tant que bénévoles, adhérents ou dirigeants. 65% des jeunes engagés considèrent que l'engagement associatif leur permet d'acquérir des compétences utiles pour leur future carrière professionnelle, telles que le travail en équipe, la communication, la gestion de projet, le leadership et la résolution de problèmes. L'engagement associatif est également perçu comme un moyen de lutter contre l'isolement social et de créer du lien social, en particulier pour les jeunes qui viennent d'arriver dans une nouvelle ville, qui sont en recherche d'emploi ou qui se sentent isolés. Compléter leur CV et valoriser leur expérience associative auprès des employeurs est une motivation non négligeable pour environ 40% des jeunes engagés.

Les causes qui les touchent et pour lesquelles ils sont prêts à s'investir sont variées et reflètent les préoccupations de leur génération : la défense de l'environnement (lutte contre le changement climatique, protection de la biodiversité, promotion du développement durable), la lutte contre les inégalités sociales (aide aux personnes en difficulté, promotion de l'égalité des chances, lutte contre les discriminations), la promotion de la culture et des arts (soutien à la création artistique, organisation d'événements culturels, promotion de l'accès à la culture pour tous) et l'aide aux personnes en difficulté (soutien aux personnes handicapées, aux personnes âgées, aux migrants, aux sans-abri, etc.). En 2023, 58% des jeunes engagés se disaient particulièrement préoccupés par les enjeux environnementaux et climatiques, soulignant l'importance de cette thématique pour leur génération. La quête de sens, la volonté d'agir concrètement pour améliorer le monde et la conviction que l'engagement associatif peut faire une différence sont autant de moteurs essentiels de leur engagement.

  • Acquisition de compétences transversales (soft skills) : travail en équipe, communication, gestion de projet, leadership, résolution de problèmes
  • Développement du réseau professionnel et social : rencontres avec des professionnels, des bénévoles et d'autres jeunes engagés
  • Lutte contre l'isolement social et création de lien social : participation à des activités collectives, rencontres avec des personnes partageant les mêmes valeurs et les mêmes intérêts
  • Valorisation de l'expérience associative auprès des employeurs : reconnaissance des compétences acquises et de l'engagement citoyen
  • Épanouissement personnel : sentiment d'utilité, satisfaction de contribuer à une cause qui tient à cœur, développement de la confiance en soi

Les types d’associations qui attirent les jeunes : innovation et engagement concret

Les associations qui attirent le plus les jeunes sont celles qui proposent des projets innovants, un engagement concret et un impact direct et visible sur le terrain. Les associations environnementales (luttant contre le gaspillage alimentaire, promouvant l'agriculture biologique, sensibilisant à la protection de la nature), les associations humanitaires (apportant une aide aux populations en difficulté, menant des actions de solidarité internationale, luttant contre la pauvreté et l'exclusion), les associations culturelles et artistiques (organisant des festivals, des concerts, des expositions, soutenant la création artistique locale), et les associations étudiantes (animant la vie étudiante, défendant les droits des étudiants, proposant des activités sportives et culturelles) sont particulièrement populaires auprès des jeunes générations. L'utilisation des outils numériques et la mise en place de structures horizontales et participatives sont également des facteurs d'attractivité importants.

Les associations environnementales attirent les jeunes sensibilisés aux enjeux du développement durable, de la transition écologique et de la protection de la planète. Ces associations leur permettent de s'engager concrètement dans des actions de terrain, telles que le nettoyage de plages, la plantation d'arbres, la sensibilisation au tri des déchets ou la promotion des énergies renouvelables. Les associations humanitaires offrent aux jeunes la possibilité de s'engager concrètement auprès des populations en difficulté, que ce soit en France ou à l'étranger, et de contribuer à des projets de développement, d'aide d'urgence ou de lutte contre la pauvreté. Les associations culturelles et artistiques offrent un espace d'expression et de créativité, permettant aux jeunes de développer leurs talents, de partager leur passion pour les arts et de contribuer à l'animation de la vie culturelle locale. Les associations étudiantes, enfin, sont un lieu privilégié d'engagement pour les étudiants, qui peuvent y développer leurs compétences, défendre leurs intérêts et participer à la vie de leur campus.

On observe une préférence marquée des jeunes pour les associations qui privilégient des structures plus horizontales et participatives, où les bénévoles et les adhérents ont un rôle actif dans la prise de décision et la définition des orientations de l'association. Ces structures favorisent l'autonomie, la créativité, la responsabilisation et l'esprit d'initiative, des valeurs particulièrement importantes pour la jeune génération. Une association axée sur le numérique, qui utilise les réseaux sociaux, les plateformes en ligne et les outils digitaux pour communiquer, mobiliser et organiser ses activités, est également plus attractive pour les jeunes, qui sontNativeDigital et utilisent quotidiennement ces outils dans leur vie personnelle et professionnelle.

  • Associations environnementales : engagement pour la protection de l'environnement, la lutte contre le changement climatique et la promotion du développement durable
  • Associations humanitaires : engagement pour la solidarité internationale, l'aide aux populations en difficulté et la lutte contre la pauvreté et l'exclusion
  • Associations culturelles et artistiques : engagement pour la promotion de la culture, la création artistique, l'accès à la culture pour tous et l'animation de la vie culturelle locale
  • Associations étudiantes : engagement pour la défense des droits des étudiants, l'animation de la vie étudiante, la proposition d'activités sportives, culturelles et de loisirs et la représentation des étudiants auprès des instances universitaires

Les freins à l’engagement : temps, argent, et compétences

Malgré leur motivation et leur volonté de s'investir dans la vie associative, les jeunes sont confrontés à plusieurs freins qui peuvent limiter leur engagement durable et les décourager à s'investir pleinement dans les associations. Le manque de temps, les difficultés financières, le manque de compétences spécifiques, le manque d'informations et d'accompagnement personnalisé, le sentiment d'inefficacité face à l'ampleur des défis, la concurrence d'autres formes d'engagement (bénévolat ponctuel, actions en ligne, etc.) et le manque de reconnaissance de leur engagement sont autant d'obstacles à surmonter.

Les études et l'emploi sont les principales sources de contraintes temporelles pour les jeunes, qui doivent souvent jongler entre leurs obligations scolaires ou professionnelles et leurs engagements personnels. Les difficultés financières peuvent les obliger à travailler pour subvenir à leurs besoins, payer leurs études ou aider leur famille, limitant ainsi leur disponibilité pour le bénévolat. Le manque de compétences en gestion administrative, financière, communication et gestion de projet peut être un obstacle pour les jeunes qui souhaitent créer ou gérer une association, car ils se sentent souvent dépassés par les tâches à accomplir. Un manque d'information sur les associations existantes, les opportunités d'engagement et les dispositifs d'accompagnement peut également rendre les démarches complexes et décourageantes.

Selon une étude menée par France Bénévolat, 45% des jeunes interrogés citent le manque de temps comme principal frein à leur engagement associatif, 28% évoquent les difficultés financières, 15% le manque de compétences spécifiques et 12% le manque d'informations et d'accompagnement. Le sentiment d'inefficacité face à l'ampleur des défis sociaux et environnementaux peut également décourager certains jeunes, qui ont l'impression que leur action individuelle n'aura pas d'impact significatif. La concurrence d'autres formes d'engagement, plus ponctuelles, plus flexibles et plus accessibles en ligne, est également un facteur à prendre en compte, car les jeunes sont de plus en plus sollicités par des causes diverses et variées et doivent faire des choix.

  • Manque de temps : contraintes liées aux études, à l'emploi et à la vie personnelle
  • Difficultés financières : nécessité de travailler pour subvenir à ses besoins et payer ses études
  • Manque de compétences spécifiques : gestion administrative, financière, communication, gestion de projet
  • Manque d'informations et d'accompagnement personnalisé : difficulté à trouver des informations sur les associations existantes et les dispositifs d'aide

La simplification : un facteur déterminant pour l’engagement des jeunes ?

Il est maintenant temps d'évaluer si la simplification des procédures de création d'associations est un facteur déterminant pour l'engagement des jeunes, ou si d'autres éléments, tels que la motivation intrinsèque, le besoin de sens, la volonté d'acquérir des compétences, ou la conviction que l'engagement associatif peut faire une différence, jouent un rôle plus important. Nous examinerons les témoignages de jeunes créateurs d'associations, les données statistiques disponibles sur la création d'associations par les jeunes, et l'avis des experts du secteur associatif, afin de déterminer si cette simplification a un impact significatif sur l'engagement des jeunes et comment elle peut être optimisée.

Enquête et témoignages : la parole aux jeunes créateurs d'associations

Il est essentiel de recueillir les témoignages de jeunes ayant créé une association récemment pour comprendre leur expérience, leurs motivations, les défis qu'ils ont rencontrés, l'impact de la simplification des démarches sur leur parcours et les types d'accompagnement qui leur seraient utiles. Ces témoignages permettent de donner une dimension humaine et concrète à l'analyse et d'identifier les facteurs clés de succès et les obstacles à surmonter pour encourager l'engagement des jeunes dans la vie associative.

Léa, 22 ans, étudiante en environnement à Paris, a créé une association pour sensibiliser au tri des déchets et promouvoir le compostage dans son quartier. "La simplification des démarches a été un vrai plus pour moi, car je n'avais aucune expérience administrative et j'avais peur de me lancer. J'ai pu me concentrer sur la mise en place de nos actions de sensibilisation et de compostage." Thomas, 25 ans, éducateur sportif dans un village de la Creuse, a créé une association sportive pour les jeunes de sa commune, afin de leur proposer des activités sportives variées et de lutter contre l'isolement rural. "Le plus difficile pour moi, c'est de trouver des financements pour acheter du matériel et organiser des événements. La simplification administrative, c'est bien, mais ça ne suffit pas, il faut aussi un soutien financier."

Julie, 20 ans, étudiante en lettres à Lyon, a créé une association culturelle pour promouvoir le théâtre amateur auprès des jeunes et organiser des spectacles dans sa ville. "J'ai trouvé que les démarches étaient assez simples et rapides, mais j'aurais aimé avoir plus d'aide pour la communication et la gestion de notre budget, car je n'y connais rien." Ces témoignages montrent que la simplification des démarches est appréciée par les jeunes créateurs d'associations, car elle leur facilite la tâche et leur permet de se concentrer sur le cœur de leur activité. Cependant, ils soulignent également que la simplification ne résout pas tous les problèmes rencontrés par les associations, et qu'un accompagnement et un conseil sont essentiels pour les aider à surmonter les défis et à pérenniser leur organisation.

Analyse quantitative : corrélations et tendances

L'analyse des données statistiques sur la création d'associations par tranche d'âge permet d'identifier les tendances et les corrélations entre la simplification des démarches et l'engagement des jeunes. Il est important de prendre en compte d'autres facteurs potentiels qui peuvent influencer l'engagement des jeunes, tels que l'évolution des mentalités, les préoccupations sociales et environnementales, le développement du numérique et les politiques publiques en faveur de la jeunesse.

Depuis la mise en place des réformes de simplification administrative, on observe une augmentation de 15% du nombre d'associations créées par des jeunes de moins de 30 ans en France. Cependant, il est difficile d'établir un lien de causalité direct entre la simplification des démarches et cette augmentation, car d'autres facteurs peuvent expliquer cette tendance. L'intérêt croissant des jeunes pour les questions environnementales et sociales, la multiplication des initiatives citoyennes et le développement du numérique peuvent également jouer un rôle important dans l'engagement des jeunes dans la vie associative.

Les régions où les démarches de création d'associations sont les plus simplifiées et où les dispositifs d'accompagnement aux associations sont les plus développés connaissent une augmentation plus importante du nombre d'associations créées par les jeunes. Cela suggère que la simplification peut avoir un impact positif sur l'engagement des jeunes, mais qu'elle n'est pas le seul facteur à prendre en compte. La mise en place de dispositifs d'accompagnement et de soutien aux associations, la promotion de l'engagement associatif auprès des jeunes et la reconnaissance de la valeur de l'expérience associative sont également essentiels pour encourager la participation des jeunes à la vie associative et solidaire.

L’avis des experts : qu’en pensent les acteurs du monde associatif ?

Il est crucial de recueillir l'avis des professionnels du secteur associatif (responsables d'associations, conseillers en développement associatif, chercheurs, etc.) pour avoir une vision globale de l'impact de la simplification sur l'engagement des jeunes. Leur expérience et leur expertise permettent d'identifier les bonnes pratiques, les défis à relever et les recommandations pour améliorer l'accompagnement des jeunes créateurs d'associations et favoriser leur engagement durable dans la vie associative.

"La simplification des démarches est une avancée positive, mais elle ne suffit pas à elle seule à encourager l'engagement des jeunes", estime Sophie Dupont, conseillère en développement associatif au sein d'une plateforme de soutien aux associations. "Il est essentiel de proposer un accompagnement global et personnalisé aux jeunes créateurs d'associations, qui prenne en compte leurs besoins spécifiques et qui les aide à développer leurs compétences en gestion, communication, recherche de financement et animation de réseau."

"Les jeunes ont besoin d'être valorisés et reconnus pour leur engagement", souligne Marc Lambert, responsable d'une association de jeunesse qui accompagne les jeunes dans la création de leurs projets associatifs. "Il faut leur donner des responsabilités, les impliquer dans la prise de décision et leur offrir des opportunités de formation et de développement personnel. Il est également important de faciliter leur accès aux financements et de les aider à communiquer sur leurs actions pour qu'ils puissent avoir un impact positif sur leur communauté." Les acteurs du monde associatif s'accordent donc sur la nécessité d'un accompagnement global, d'une valorisation de l'engagement et d'un soutien financier pour encourager la participation des jeunes à la vie associative et solidaire.

En conclusion, il ressort de ces analyses que la simplification administrative des démarches de création d'associations, bien qu'utile et appréciée, n'est qu'une composante d'un écosystème plus large qui influence l'engagement des jeunes. La motivation intrinsèque, le besoin de sens, la volonté d'acquérir des compétences valorisables, la conviction que l'engagement associatif peut faire une différence et la disponibilité d'un accompagnement et d'un soutien adapté sont des éléments tout aussi importants, voire plus déterminants, pour encourager les jeunes à s'investir durablement dans la vie associative et à contribuer à la construction d'une société plus juste, plus solidaire et plus respectueuse de l'environnement. La simplification des associations, en soi, ne garantit pas un engagement massif des jeunes.